Des experts et chercheurs dans le domaine du patrimoine culturel ont affirmé que l’élection, à l’unanimité, de l’Algérie au sein du Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel à l’UNESCO, se veut «une reconnaissance» de son expérience et de son rôle dans ce domaine, et vient consolider sa place à l’échelle internationale pour
activer les mécanismes de protection de ce legs humanitaire représentant l’identité des peuples et leurs caractéristiques nationales.
Cette élection pour un mandat de 4 ans, à compter de l’exercice actuel, revêt pour l’Algérie »une grande importance, en ce sens qu’elle verra sa place renforcée dans les fora onusiens ce qui lui permettra de contribuer à l’activation des mécanismes internationaux pour la protection du patrimoine culturel humanitaire, et partant de concourir davantage à la protection du
patrimoine culturel algérien dans sa composante matérielle et immatérielle», a estimé le directeur du Centre national des recherches préhistoriques, anthropologistes et historiques CNRPAH , Slimane Hachi.
Et d’ajouter que cette démarche intervient également «en couronnement des efforts laborieux des experts et spécialistes algériens via les ministères des Affaires étrangères et de la Culture et des Arts, le Centre régional pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel en Afrique (CRESPIAF) de catégorie 2, relevant de l’UNESCO et du CNRPAH entre autres
instances, ces derniers ayant réussi à convaincre les pays membres de l’importance de l’adhésion de l’Algérie à ce Comité».
Grâce à ce nouveau pas, l’Algérie «s’érigera en tribune onusienne pour faire entendre sa voix imposante, étant connue pour ses positions et sa contribution efficace en matière de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel», a-t-il soutenu.
Il a rappelé, dans ce contexte, que l’Algérie était le premier pays signataire de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine immatériel en 2003 et a participé «efficacement» à la formulation de ses textes.
L’Algérie était pionnière dans la promulgation de la loi 98-04 relative à la protection du patrimoine culturel, selon le même responsable.
L’intervenant a estimé que cette place «est le résultat des acquis obtenus après de longues années de travail dans ce domaine, en enregistrant de nouveaux éléments du patrimoine ou en proposant des dossiers solides pour le classement dont la majorité ont été acceptés par l’UNESCO». Il a cité, à ce propos, le décret exécutif d’octobre 2003 relatif au financement de
la Banque nationale de données du patrimoine culturel immatériel, «l’Algérie devenant ainsi un exemple à suivre pour plusieurs pays particulièrement en Afrique pour la création de banques de données».
L’Algérie avait proposé en 2013 d’abriter le Centre régional pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel en Afrique (CRESPIAF) de catégorie 2, une proposition qui a été acceptée par l’UNESCO «vu les rapports positifs sur l’Algérie dont la Constitution consacre la protection du patrimoine matériel et immatériel comme un fondement de l’identité nationale,
et pour sa connaissance de la valeur du patrimoine immatériel dans la vie des peuples», selon la même source.
De son côté, l’enseignante et chercheure en patrimoine, Mme Faïza Riach, a estimé que l’élection de l’Algérie au sein de ce comité international était prévisible notamment après sa participation à l’élaboration et la ratification de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine immatériel en 2003, en plus d’œuvrer sans relâche à l’élaboration de dossiers à l’échelle nationale ou des dossiers collectifs, à l’image des dossiers «Imzad» de dimension africaine, «Couscous» et la »gravure sur métaux» de dimension arabe et autres, outre l’enregistrement d’éléments nationaux.
Les efforts continus de l’Algérie, couronnés en 2014 par la création du «CRESPIAF» est »un acquis important», à travers lequel des cadres et des experts ont été formés, a-t-elle dit, ajoutant que l’Algérie compte promouvoir, dans le cadre de ses missions au sein de la commission, la Convention pour la sauvegarde du patrimoine immatériel, et procédera à l’examen des demandes relatives à l’enregistrement des pratiques et savoir-faire des Etats parties.
«L’Algérie plaidera pour la préservation de toutes les composantes du patrimoine immatériel, d’autant que nous avons besoin aujourd’hui de tous les moyens de défense en faveur de ce patrimoine, notamment en matière de diplomatie culturelle», a-t-elle estimé, ajoutant »il s’agit d’un acquis pour l’Algérie, que nous espérons voir couronné par le classement de davantage de
patrimoine culturel algérien et l’exploitation de la Convention de 2003 pour la sauvegarde et la protection de ce patrimoine qui représente la richesse d’une société et l’identité de groupes, outre sa contribution au développement durable».
Pour Mme Riache, la présence de l’Algérie au sein de ce Comité permet de bénéficier des aides internationales assurées par la Convention, et ce, sous forme de formations et d’échange d’expertises, en plus de veiller à la pérennité et à la protection du savoir-faire relevant du patrimoine.
La présidente de l’association «Hmamat Dzair», spécialisée dans la promotion et la préservation du »haïk», Nacera Douaghi, s’est félicitée de l’adhésion de l’Algérie au Comité du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, estimant que cette adhésion »témoigne de la considération internationale à l’égard du rôle de l’Algérie dans l’activation du dossier de
sauvegarde du patrimoine immatériel, aussi bien au niveau national qu’international».
Etant une association qui s’attèle à la préservation des tenues traditionnelles algériennes, tous types confondus, Mme Douaghi a indiqué que «la société civile a besoin de renforcer son réseau et de consolider ses rangs à travers l’élaboration de programmes au profit des acteurs associatifs, à travers la formation et les campagnes de sensibilisation visant à diffuser la
culture du patrimoine».
L’Algérie a été élue, à l’unanimité, membre du Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel pour le mandat 2024-2028, représentant le groupe arabe, lors de la 10e Assemblée générale des Etats signataires de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, tenue le 11 juin au siège de l’UNESCO à Paris, en présence des représentants de 183 pays.